Journaliste, une profession encadrée mais attaquée

Journaliste, une profession encadrée mais attaquée

Article dans Le Lien n°318

Un journaliste professionnel bénéficie de la protection de lois spécifiques, qui lui attribue des droits d’auteur, la clause de conscience, la clause de cession (en cas de changement d’actionnaire de l’entreprise de média), la clause de conscience, et l’usage du « mois par année », une indemnité de licenciement spécifique. Cinq commissions paritaires (patrons de média et syndicats de journalistes) règlementent la profession de journaliste, dont la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels – CCIJP et la Commission arbitrale (où la CFTC est bien implantée).

« La Convention collective nationale de travail des journalistes (CCNTJ) couvre les journalistes radio comme ceux du Figaro ! Le journaliste obtient la carte de presse, si ses activités de journalisme lui apporte plus de 50 % de ses revenus, et cette carte fait toute la différence» nous explique Michel Eicher, chef de rubrique « conventions et accords » chez Liaisons Sociales et CFTC depuis 1998 (il a participé au 1er accord de droit d’auteur de la presse régionale). Pour obtenir la fameuse carte de presse, attribuée uniquement aux salariés, le journaliste doit tirer + de 50 % de ses revenus de son activité de journaliste. Cette carte de presse assure une protection contre les procès, la diffamation. 35000 cartes sont attribuées par an par la CCIJ.

Un patronat très divisé

2 typologies d’entreprise cohabitent : des grands groupes et des TPE.

« D’un côté, des patrons de presse, les « magnats », contrôlent les groupes importants du secteur, comme le groupe Ebra, qui regroupe 9 titres (Le Républicain Lorrain, l’Alsace, Le Progrès…), ne sont pas affiliés au Medef, et n’en font qu’à leur tête.

Et de l’autre, beaucoup de TPE, où de nombreux journalistes travaillent de façon isolée. Souvent peu ou mal informés de leurs droits, ils ont très peu accès à la formation professionnelle, par manque de moyens, de temps et sont très difficiles à fédérer, à syndiquer et à défendre. Aussi, entre PQR (presse quotidienne régionale), PQN (presse quotidienne nationale), presse spécialisée et presse magazine, le syndicat CFTC des journalistes court d’une négociation à l’autre.» explique Gilles POUZIN, créateur d’une société de presse «deontofi.com», salarié pigiste pour l’Express et le Monde. Depuis 2006, il représente la CFTC a Audiens et Alliance Pro, ainsi qu’au Conseil National de l’Information Statistique, une autorité administrative indépendante qui pilote la statistique publique.

Des journalistes « au rabais » ?

L’énorme syndicat corporatiste, le SNJ, affilié à Solidaires, majoritaire à la commission de la carte, a longtemps refusé toute mutualisation de la branche en faveur des pigistes. Pourtant, les pigistes, très isolés, multi-employeurs, sans lieu de travail, subissent précarité et conditions de travail difficiles. Après des années de travail et de négociation, en 2008, la CFTC a enfin obtenu que les pigistes soient couverts au niveau de la branche (prime d’ancienneté, couverture santé, formation, indemnité journalière pour les congés maternité…) et a même défendu cet accord en justice. Depuis, le contrat de travail de pigiste existe dans le code du travail, et ouvre des droits à un pigiste licencié d’un journal où il travaillait régulièrement.

Un des dangers que rencontrent ces travailleurs isolés, c’est que leur patron, pour faire des économies, leur demande de se mettre en auto-entrepreneur alors qu’ils ont un lien de subordination. La CFTC n’est pas favorable au statut d’auto entrepreneur, qui ne donne aucun droit, aucune protection sociale.

L’indépendance des journalistes attaquée

Régulièrement, la profession est attaquée par les gouvernements successifs, qui veulent « museler » la presse, à travers la loi du secret des affaires, ou dernièrement la loi contre les fausses nouvelles (fake news). La France est d’ailleurs fréquemment condamnée par le droit international, pour ses attaques sur le respect du secret des sources.

Déjà, en 2007, La CFTC a rédigé une pétition nationale pour l’indépendance des rédactions, afin de protéger les sources d’information des journalistes.

Aujourd’hui, le gouvernement souhaite instaurer un Ordre des Journalistes, auquel la CFTC est hostile, car ce serait une atteinte à la déontologie. Aussi, le 2 décembre dernier, Gilles Pouzin a participé à la création du Conseil de la déontologie journalistique et de médiation.

Espérons que les journalistes pourront continuer à exercer leur profession librement ! La CFTC se bat pour cela.