NÉGOCIATION ANNUELLE OBLIGATOIRE 2024: UNE TONTE UNILATERALE POUR LES SALARIÉS

NÉGOCIATION ANNUELLE OBLIGATOIRE 2024: UNE TONTE UNILATERALE POUR LES SALARIÉS

Le budget NAO représente 90 millions, environ la moitié de celui de 2023 (3% au lieu de 4,8% de la masse salariale).
Cette enveloppe intègre 0,4% pour la promotion, les mobilités, les parcours professionnels destinés à reconnaître des évolutions significatives dans le parcours du salarié, les mesures en faveur de l’égalité professionnelle femmes/hommes ainsi que les mesures pour les bas salaires.

La Direction assume :

  • une baisse de 43% du budget « Promotions, Mobilité et Parcours Professionnel » qui passe à 0,4% au lieu de 0,5% en 2023 et 0,7% en 2022. Comment assurer la reconnaissance des salariés avec un tel budget ?
  • une baisse de 75% du budget des « mesures en faveur de l’égalité professionnelle femmes/hommes » qui passe de 0,4% à 0,1% des salaires des femmes,
  • la disparition de la mesure individuelle début de carrière pour les jeunes (≤ 29 ans) en début de carrière (≤ 4 ans d’ancienneté).

Elle intervient dans un contexte de forte augmentation du coût de la vie sur les dernières années (5,2% en 2022, 4,9% en 2023 et 2,5% prévue en 2024). Le niveau moyen des mesures d’augmentation n’a été que de 4,1% en 2023 et de 2,1% en 2022. La perte moyenne de pouvoir d’achat a donc été de 3,9% en 2 ans.

Le budget 2024, avec moins de 2,6% pour les augmentations salariales, ne permettra donc aucun rattrapage et réduit à la peau de chagrin les mesures accompagnant la promotion, les mobilités et les parcours professionnels et la réduction des inégalités femmes/hommes

Les dividendes sont en hausse de 53 millions à plus de 1,9 milliards d’euros. Le dividende qui est passé de 0,70€ à 0,72€ représente, au cours actuel de l’action, un rendement de 7% soit près de 3 fois le niveau de l’inflation et 21 fois le budget de la NAO !

Si les salariés souffrent de l’inflation ce n’est pas le cas des actionnaires qui s’accaparent la quasi-totalité du résultat net (davantage certaines années).

Peut-on parler de partage de la création de valeur ?

Il est intéressant de constater que le résultat net de l’entreprise Orange croit beaucoup plus vite que son chiffre d’affaires : 10,5% pour le résultat net versus 1,8% pour le chiffre d’affaires.

Cela montre que l’entreprise fait des gains de productivité qui sont dus entre autres :

  • A un plus grand investissement des salariés avec une charge de travail répartie sur moins de personnes.
  • A des programmes d’économies de coûts qui détériorent les conditions de travail des salariés (par exemple l’immobilier et l’avènement du Flex Desk).
  • A des augmentations de salaires accordées les années précédentes qui ne sont pas à la hauteur des résultats de l’entreprise.

Il est étonnant de constater que notre Directrice Générale est ravie d’annoncer aux marchés financiers d’excellents résultats mais que face aux salariés le discours n’est plus du tout le même dès qu’il s’agit de les mettre à la diète.                                                                                           Elle oublie de rappeler que le taux de marge de la France est encore très supérieur à celui des autre périmètres du Groupe, à l’exception d’Afrique Moyen Orient qui a un taux très légèrement supérieur.

Pour la CFTC, au regard de ses résultats, l’entreprise a les moyens de garantir à tous les salariés un maintien de leur pouvoir d’achat dans cette période de forte inflation qui n’est pas encore derrière nous.

Pour la CFTC, il est inadmissible qu’après 4% de perte de pouvoir d’achat ces 2 dernières années la NAO 2024 entérine un simple maintien du pouvoir d’achat moyen, surtout que, dans la pratique, une nouvelle perte de pouvoir d’achat concernera une proportion significative des salariés .

Ce que la Direction se garde bien de dire, c’est que les consignes managériales vont vers une forte individualisation des augmentations salariales, avec plus d’1/3 de salariés qui auront 0€ d’augmentation pour permettre de donner 3% ou plus aux autres.

La dégradation continue depuis plusieurs années du dialogue social, du fait de la Direction, risque, si rien n’est fait, et compte tenu de la dégradation du climat social et du mécontentement croissant des salariés, de déboucher sur un conflit social.

Il est révélateur de constater que la dernière HIS sur la NAO a recueilli plusieurs milliers de participants.