ÉDITORIAL

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Les temps sont durs pour les agriculteurs… pour le Gouvernement, aussi, qui doit répondre à leurs attentes légitimes et à celles d’autres catégories professionnelles.


Mais, les temps s’annoncent encore plus difficiles pour les demandeurs d’emploi qui vont faire l’objet d’un tour de vis supplémentaire. L’obsession de « l’incitation à la reprise d’emploi » ne connaît pas de limite et risque de pénaliser les plus précaires. La suppression de l’Allocation de Solidarité Spécifique va ainsi faire basculer des centaines de milliers de bénéficiaires vers le Revenu de Solidarité Active, or celui-ci est non cumulable avec d’autres revenus et, surtout, non pris en compte pour la retraite. Double peine donc avec la récente réforme des retraites, l’âge pour obtenir une retraite à taux plein s’éloigne encore pour certains. Il semble que les seniors, qui avaient été relativement épargnés jusque-là, soient les nouveaux porteurs des mesures d’économie. Alors que leur taux d’emploi fait l’objet de toutes les attentions (cette hausse contribuerait à pérenniser notre système de protection sociale), la négociation engagée sur leur maintien dans l’emploi et les mesures de reconversion et de formation ainsi que la mise en place d’un compte épargne temps universel patinent. Le patronat cherche encore et toujours des contreparties à ses efforts de maintien dans l’emploi des seniors.


Les temps sont durs pour la croissance, revue à la baisse. Les 10 milliards d’économie annoncés sur le budget national 2024 – coups de rabot sur l’écologie, l’enseignement, la cohésion des territoires et la santé – envoient, en ce premier trimestre, un signal négatif vers les jeunes, vers la transition énergétique et vers les nouveaux métiers dont nous avons cruellement et rapidement besoin. Les temps sont durs pour les négociations salariales annuelles en baisse (3,5% en moyenne après 4,6% en 2023). Mais qu’on se rassure les dividendes et les investissements des entreprises du CAC 40, eux, se portent bien !

Que faire alors pour améliorer le quotidien de nos collègues et leur permettre de faire face à l’allongement de la durée du travail, à un travail intensifié et aux nouvelles conditions de travail en situations climatiques extrêmes ? la réponse est dans l’articulation des temps de vie. Nous pouvons en effet être innovants sur l’organisation et accompagner les transformations des métiers en négociant des modalités horaires plus adaptées. Plébiscitées par les salariés et espérées par les entreprises comme outil d’attractivité, elles sont le nouveau champ de la négociation et de l’innovation sociale. Nous y consacrons ce nouveau numéro de votre revue.

Point clé essentiel de cette réussite, comme de celle des entreprises : un dialogue social et professionnel nourri, avec des représentants du personnel formés et en proximité, non limités dans leurs mandats, avec des moyens adaptés et des instances efficaces. On en reparle, à la veille de l’éventuel acte 2 de la loi Travail.

Notre Président nous incite à réarmer la France, commençons par un réarmement social et incitons au progrès au bénéfice de toutes et tous.

*Etude du Haut-Commissariat au Plan, la grande transformation du Travail, octobre 2023.