De retour au travail après un été caniculaire, le troisième plus chaud jamais enregistré en France, les travailleurs ont à peine eu le temps de se rafraîchir, que les esprits s’échauffent de nouveau. Les propositions du Gouvernement de supprimer deux jours fériés et de monétiser la cinquième semaine de congés payés, entre autres nouvelles idées d’économies avancées dans l’élaboration du budget 2026, ont vite rallumé la flamme – plus olympique cette fois – de la mobilisation. Si la CFTC a l’habitude de prendre ses responsabilités dans les négociations pour trouver des solutions et des pistes d’économies, elle ne peut, cette fois, laisser les inégalités criantes des mesures annoncées sans réponse et laisser porter sur les seuls travailleurs, chômeurs et retraités les efforts de redressement demandés.
C’est dans cet esprit que notre Confédération incite à signer en nombre la pétition intersyndicale contre les mesures avancées dans le budget du gouvernement Bayrou. Alors même que les effets de la dernière réforme de l’assurance chômage n’ont pas encore été totalement mesurés, voilà que l’on avance la modification de la durée minimale d’emploi pour bénéficier des indemnités.
Alors que les services publics ont de plus en plus de mal à être assurés normalement, voilà qu’un remplacement de fonctionnaire sur trois ne serait plus assuré et que les rémunérations seraient gelées.
Alors que les retraités sont de plus en plus pénalisés par la tendance inflationniste, voici que l’on n’indexerait plus les retraites et qu’on forfaitiserait l’abattement de 10% sur les pensions… petit florilège des nombreuses mesures qui permettraient d’éponger 44 milliards d’euros sur les 3 345 milliards (113% du PIB) de notre abyssale dette nationale.
Seule bonne nouvelle de cette rentrée : le taux d’emploi relativement haut des 15-64 ans qui atteint 68,4 %. Des jeunes et des seniors mieux
intégrés sur le marché du travail constitueraient sans doute la meilleure arme pour redresser les finances et assurer l’avenir de notre protection sociale.
Encore faut-il pour cela que le marché du travail leur réserve les conditions les meilleures et les plus durables. Or l’Ifop vient de mesurer une hausse significative de la fatigue psychique au travail (46% des travailleurs ont vécu une fatigue chronique dans les cinq dernières années). Un état de fait qui accompagne la baisse de la représentation des représentants des salariés sur les lieux de travail depuis la prise d’effet des ordonnances de 2017 ; une étude de septembre de la DARES pointe en effet la perte d’efficacité, surtout en matière de santé au travail, et de proximité des instances mises en place dans le cadre des CSE. Nul étonnement à ce que nous voyions alors monter en charge dans les entreprises de nos secteurs d’activité de plus en plus de collectifs de salariés sur les sujets de revendication divers tels que l’écologie et
le pouvoir d’achat. Mais leur genèse, à l’instar des collectifs de représentation populaire soi disant spontanés qui émergent dans la rue, a parfois des racines et des pilotages plus politiques qu’affichés.
Les entreprises de nos secteurs d’activité, qui n’échappent pas aux incertitudes liées aux perspectives sociales et politiques de cette rentrée, sont en pleine effervescence de restructurations et de réorganisations. Vous en aurez l’illustration dans ce numéro 340 du Lien syndical, avec des témoignages de nos élus et représentants. Je salue leur action, rempart contre le démantèlement de nos conditions de travail. Malgré les enjeux économiques de rentabilité de notre économie de plus en plus prégnants, prenons bien garde à ne pas trop charger les travailleurs et à préserver leurs représentants syndicaux.
La montée des injustices sociales pourrait bien générer une bouffée de chaleur environnementale et collective durable.









