Handicap au travail : entre droits garantis et inclusion en demi-teinte

21 juillet 2025 Fédération

L’emploi des personnes en situation de handicap est encadré par un ensemble de dispositions juridiques important, qui vise à garantir l’égalité des droits et des chances dans le monde professionnel. Pourtant, malgré cette protection, les inégalités persistent. Trop souvent, les travailleurs handicapés doivent encore surmonter des freins importants à l’embauche, à l’adaptation de leur poste ou à l’évolution de leur carrière. La question de l’inclusion ne se résume donc pas à une conformité légale : elle interroge surtout l’organisation du travail, les pratiques managériales et la capacité de l’entreprise à créer un environnement réellement accessible à toutes et à tous.

 

Un cadre juridique renforcé

Depuis la loi du 10 juillet 1987 puis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, les employeurs ont l’obligation d’agir concrètement pour l’emploi des personnes handicapées. Les entreprises d’au moins 20 salariés doivent employer au moins 6 % de personnes reconnues comme bénéficiaires de l’obligation d’emploi (les « BOETH »), sous peine de devoir verser une contribution financière à l’Agefiph.

Il est important également de noter que même si l’OETH ne concerne que les entreprises de 20 salariés et plus, toutes les entreprises quelle que soit leur taille doivent déclarer mensuellement les salariés handicapés qu’elles emploient.

Mais l’obligation ne s’arrête pas là, le Code du travail impose également à tout employeur de prendre les mesures nécessaires pour permettre aux salariés en situation de handicap d’occuper leur poste dans des conditions adaptées à leur état de santé. Le refus injustifié d’un tel aménagement est d’ailleurs considéré comme une forme de discrimination, au sens du droit français et européen.

En matière de non-discrimination, le droit du travail interdit explicitement toute distinction fondée sur le handicap, à tous les stades de la vie professionnelle : recrutement, accès à la formation, rémunération, évolution de carrière, rupture du contrat. Ces protections s’appliquent, que le handicap soit visible ou invisible, physique ou psychique.

 

Des obstacles persistants à l’inclusion

Malgré ces garanties, les statistiques témoignent d’un décalage important entre le droit et la réalité. Le taux de chômage des personnes handicapées reste presque deux fois supérieur à la moyenne nationale. Le recours au statut de travailleur handicapé est encore vécu comme une démarche stigmatisante. Dans certaines entreprises, les demandes d’aménagement sont ignorées ou minimisées. Le parcours professionnel des salariés concernés est souvent freiné, voire bloqué.

L’origine de ces inégalités tient autant à une méconnaissance du droit qu’à des biais persistants dans les pratiques de recrutement ou de gestion des ressources humaines. S’ajoutent également des difficultés d’accessibilité tant physiques (locaux inadaptés, matériel non conforme) qu’organisationnelles (rigidité des horaires, isolement dans l’équipe).

 

Le rôle clé des représentants du personnel

Dans ce contexte, les élus du personnel et les représentants syndicaux ont un rôle déterminant à jouer. Ils peuvent veiller au respect des obligations légales, interpeller l’employeur en cas de manquement, accompagner les salariés dans leurs démarches, et surtout, proposer des actions collectives en faveur d’un environnement de travail plus inclusif.

Le comité social et économique (CSE) peut notamment demander à consulter les données relatives à l’emploi des personnes handicapées, formuler des recommandations lors de la consultation sur la politique sociale, et s’assurer que le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) soit à jour et prenne bien en compte les situations de handicap.

Au-delà du suivi, les organisations syndicales peuvent négocier des accords d’entreprise, intégrant des objectifs clairs en matière de recrutement, d’aménagement de poste, de formation et de sensibilisation des équipes.

 

 

Le respect du droit est indispensable, mais il ne suffit pas. L’inclusion suppose une transformation des mentalités, une formation des encadrants, une écoute réelle des besoins. Il faut lever les tabous autour du handicap invisible, construire une culture managériale fondée sur l’adaptation et la reconnaissance de la diversité des parcours.

L’enjeu est donc de créer les conditions pour que cette réalité ne soit plus un obstacle à l’emploi, mais simplement une composante parmi d’autres de la richesse humaine de l’entreprise.

La Fédération CFTC Media+ organise un forum dédié au handicap et à l’inclusion en entreprise le 30 septembre 2025. Cet événement réunira des experts, des représentants syndicaux, des acteurs institutionnels et des salariés engagés sur ces enjeux. S’inscrire ICI 

N’hésitez pas à vous inscrire ! Ce sera un moment de dialogue, de formation et de mobilisation autour d’un enjeu essentiel pour le monde du travail.

Articles associés