Pourquoi l’Intelligence Artificielle n’est pas finalement intelligente

Pourquoi l’Intelligence Artificielle n’est pas finalement intelligente

Les machines « savent » bien sûr battre les hommes les plus forts du monde à Star Craft II , au jeu de go ou à « Jeopardy! ». Mais il s’agit de compétences extrêmement étroites, dévorant des quantités d’énergie infiniment supérieures à celle d’un cerveau humain. 

Les machines les plus puissantes au monde font penser à ces génies des mathématiques incapables d’aborder quelqu’un dans la rue pour demander leur chemin. 

Et la bêtise humaine se cache souvent derrière l’intelligence artificielle… comme l’a montré Microsoft en 2016 avec son logiciel de conversation Tay , déconnecté de Twitter pour cause d’horreurs sexistes et racistes moins d’une journée après avoir été mis en service. Ou Amazon en 2018, avec son système de recrutement tellement automatisé qu’il écartait automatiquement les femmes. 

Qu’y a-t-il donc derrière ce qui est commodément baptisé « Intelligence Artificielle » ? La réalité est prosaïque : c’est tout simplement… l’association de l’ordinateur et d’Internet ! 

L’ordinateur, avec une capacité de traitement de l’information qui a augmenté depuis un demi-siècle au rythme extravagant de la loi de Moore (la densité de transistors sur une puce double tous les deux ans). 

L’Internet, avec une capacité colossale de collecte et de transmission de données. « Intelligence artificielle = statistique + informatique », résume Michel Volle , coprésident de l’Institut de l’économie et statisticien de formation. 

Juste et lapidaire, cette équation mérite tout de même d’être complétée d’un point. La puissance de calcul et les montagnes de données permettent des formes d’apprentissage automatique (« machine learning » puis « deep learning »). C’est ainsi que les chercheurs ont pu faire des pas de géant depuis une bonne décennie en matière de reconnaissance visuelle et vocale. Ils vont sûrement réaliser d’autres progrès spectaculaires dans les années à venir. 

D’après Jean-Marc Vittori, ce qu’on appelle « l’intelligence artificielle » ne reste cependant qu’un outil. Un outil fantastiquement puissant, qui peut chambouler l’organisation des entreprises, mais seulement un outil. Une « plate-forme technologique », expliquent les économistes Daron Acemoglu et Pascual Restrepo , qui « peut être déployée pour ne pas faire seulement de l’automatisation, mais aussi pour réorganiser la production de manière à créer de nouvelles tâches humaines hautement productives ». 

Là aussi, l’intelligence artificielle fera ce que décide l’intelligence humaine. Enfin, un autre chercheur Michael I. Jordan, un pionnier de l’apprentissage automatique, rappelle enfin simplement : « Les ordinateurs ne sont pas devenus intelligents en soi, mais ils ont fourni des capacités qui augmentent l’intelligence humaine ».