CHANGEMENT DE GOUVERNANCE
CHEZ ORANGE

CHANGEMENT DE GOUVERNANCE<br>CHEZ ORANGE

Rattrapé par son rôle dans l’affaire de l’arbitrage Tapie,
Stéphane Richard, l’ex-PDG, a dû laisser les rênes d’Orange.
Ayant rejoint la banque d’affaires américaine Perella Weinberg
Partners, il pourrait être amené à exercer à nouveau pour
Orange des activités de conseil.

À l’issue d’un processus de désignation long et contesté, la gouvernance d’Orange s’appuie sur de nouveaux statuts et s’exerce maintenant à deux avec un président, Jacques Aschenbroich, qui atteindra 70 ans au cours de son mandat, et une directrice générale (DG), Christel Heydemann, 47 ans, deux personnalités issues du monde industriel.

Le CV de Jacques Aschenbroich, qui a supprimé 12 000 postes lorsqu’il était président de Valeo, a de quoi inquiéter, tout comme son actuel mandat d’administrateur chez BNP Paribas. Christel Heydemann, ancienne salariée du Boston Consulting Group et récemment directrice des Alliances Stratégiques de Schneider Electric, semble avoir une image plus sociale, d’où l’appui du ministre de l’Économie dans la course à la nomination, mais sans doute des oppositions et des départs au sein même de son conseil d’administration. Alors que plusieurs audits sont en cours au sein d’Orange, Christel Heydemann est attendue sur plusieurs enjeux. Elle devra diversifier une implantation internationale surtout centrée sur l’Afrique et l’Europe, trouver des relais de croissance notamment en Europe, étudier des rapprochements avec les autres opérateurs mobiles et revaloriser l’action.

Alors que le procès en appel des dirigeants de France Telecom venait de débuter, l’assemblée générale des actionnaires s’est vu proposer le 19 mai un projet de revalorisation de 50% de la rémunération variable de la nouvelle DG par rapport à celle de son prédécesseur, un dispositif de parachute doré et de retraite chapeau pour les hauts dirigeants de l’entreprise ainsi qu’une nouvelle rémunération pour le président. Une revalorisation qui ne s’applique pas à tous les salariés, loin s’en faut…

Dans un contexte de forte inflation et même si elle a reçu dès sa nomination l’ensemble des syndicats, Christel Heydemann a raté son premier rendez-vous sur les volets sociaux et salariaux. L’augmentation générale de 3% unilatérale a fait suite au PV de désaccord (pour la 3e année consécutive). Dans une entreprise qui peine à cicatriser d’une crise sociale majeure, un signe positif aurait été nécessaire. L’atteinte de l’objectif des 8 000 départs en temps partiel senior via l’accord intergénérationnel, tout comme le verdict du procès en appel, impacteront sans doute la politique sociale à l’issue de cette année.

Procès en appel des dirigeants de France Telecom

Trois dirigeants avaient été condamnés à un an de prison et 8 mois sursis et 15 000€ d’amende pour leur rôle prééminent, quatre autres dirigeants à 4 mois avec sursis et 5 000€ d’amende pour complicité de harcèlement moral par le Tribunal correctionnel de Paris, à l’issue d’un procès de deux mois, long et très douloureux, avec le témoignage de nombreuses parties civiles (39 cas étudiés dont 19 ayant conduit au suicide), dont celui de Jean-Pierre Dumont au nom de notre Fédération. Trois dirigeants avaient été condamnés à un an de prison et 8 mois sursis et 15 000€ d’amende pour leur rôle prééminent, quatre autres dirigeants à 4 mois avec sursis et 5 000€ d’amende pour complicité de harcèlement moral par le Tribunal correctionnel de Paris, à l’issue d’un procès de deux mois, long et très douloureux, avec le témoignage de nombreuses parties civiles (39 cas étudiés dont 19 ayant conduit au suicide), dont celui de Jean-Pierre Dumont au nom de notre Fédération.

L’entreprise avait été la première du CAC 40 à essuyer une condamnation pour harcèlement moral institutionnel de 75 000€ d’amende. Un fond d’indemnisation des victimes avait été créé dans l’entreprise et permis de faire remonter des dossiers d’agents ayant subi des préjudices du harcèlement institutionnel exercé durant dix ans et organisé et planifié par le plus haut niveau de l’entreprise. Le 11 mai s’est engagé le deuxième volet de cette procédure. Le directeur des relations humaines de l’époque ainsi que l’entreprise n’ont pas souhaité faire appel.

Pour la CFTC, il est fondamental pour les victimes de cette époque très sombre de l’entreprise, pour les salariés d’Orange et pour l’ensemble du monde du travail, que la décision de première instance soit confortée. Pour la première fois le harcèlement moral institutionnalisé a été prouvé, ses effets analysés et ses auteurs condamnés. Dans un contexte d’entreprise toujours en réduction d’effectifs, de fermeture de sites et de mal-être, le verdict annoncé début juillet est très attendu.

La Fédération CFTC MEDIA+, toujours partie civile, par la voix de ses représentants de la Section Nationale Orange – Jacques Leroy et Catherine Lamboule, ainsi que de Jean-Pierre Dumont –, a participé à la conférence de presse organisée en intersyndicale le 10 mai dernier et à une manifestation le premier jour du procès devant la Cour d’Appel de Paris. ■