LES SENIORS, LES OUBLIÉS DE LA RÉFORME

LES SENIORS, LES OUBLIÉS DE LA RÉFORME

Dans son projet de réforme, le gouvernement ne prend pas en compte la situation des seniors face à l’emploi, alors même que les difficultés sont réelles.

L’actuel projet de réforme des retraites prévoit de reporter l’âge légal de départ à la retraite et d’allonger la durée de cotisation. Il est remis en cause dans ses fondements mêmes par le rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) qui estime qu’une telle réforme est loin d’être indispensable. Le projet est également contestable dans sa philosophie : cette réforme ne garantit nullement la pérennité du système par répartition, voire ouvre la voie à la retraite par capitalisation. Au-delà, il est critiquable dans plusieurs de ses dimensions :

 • Il prévoit de faire évoluer les paramètres d’âge et de durée de cotisation, mais il n’a pas été question d’augmenter le niveau des cotisations ;

 • Il ne prend pas en compte la pénibilité, alors même que l’espérance de vie varie fortement selon la catégorie socioprofessionnelle à laquelle on appartient (l’espérance de vie en bonne santé est actuellement en baisse en France) ;

• Penser la situation des seniors face à l’emploi est un préalable indispensable à tout débat sur un possible allongement de la vie professionnelle. Or, ce projet de réforme laisse de côté la question des conditions d’emploi des seniors, si ce n’est en évoquant la mise en place d’un hypothétique “index senior”.

 Le taux d’activité des seniors est particulièrement faible en France, et cette réalité est ignorée par le projet de réforme. En France, dès 58 ans, près d’un quart des personnes ne sont plus en emploi, tout en n’étant pas encore à la retraite : elles sont soit “inactives”, soit inscrites au chômage. On parle de “sas de précarité”. Les difficultés que rencontre la population senior à se maintenir dans l’emploi posent la question de la responsabilité des pouvoirs publics, les dispositifs susceptibles de favoriser l’emploi des seniors étant très peu développés.

Par ailleurs, il est temps de faire évoluer les représentations et les pratiques des entreprises. Elles ont tendance à mettre en place des politiques de “gestion des âges” au travers du seul prisme des départs. Les seniors sont perçus comme un “coût” pour l’entreprise ; ils sont surreprésentés parmi les salariés quittant les entreprises dans le cadre de PSE ou de RCC ; les politiques de gestion des emplois et des compétences sont fréquemment axées sur l’anticipation des départs, etc.

Or, favoriser l’emploi des seniors au sein des entreprises, c’est mettre en place des politiques RH ou d’amélioration des conditions de travail qui permettent aux salariés d’envisager la poursuite de leur vie professionnelle, en répondant à leurs besoins en matière d’adaptation des temps et des rythmes de travail, de mobilité ou de reconversion, d’accès à la formation, tout en reconnaissant le rôle crucial qu’ils ont dans la transmission du savoir et des compétences.

Pour se saisir pleinement de cette question, les représentants du personnel peuvent aborder ces sujets dans le cadre des négociations (GEPP, QVT…) mais également lors de la consultation annuelle sur la politique sociale, qui est l’occasion d’un état des lieux complet et détaillé de la situation des seniors dans l’emploi. Le recours à l’expertise est alors utile pour approfondir ces sujets, questionner les pratiques de l’entreprise. Ces rendez-vous sont autant d’occasions de mettre la question des seniors au cœur du dialogue social.

Tandem Expertise est un cabinet indépendant au service des CSE. Inscrit à l’ordre des experts comptables et disposant de l’agrément du ministère du Travail pour les missions SSCT, il est spécialisé dans l’accompagnement des élus du CSE pour les expertises économiques et sociales (3 consultations récurrentes, PSE, droit d’alerte, …) et les interventions SSCT. Tandem Expertise propose également des sessions de formation économique et SSCT pour les élus du CSE.