Une femme qui s’est imposée dans un univers masculin

Une femme qui s’est imposée dans un univers masculin

J’ai commencé ma carrière, il y a environ 30 ans, comme Ingénieur System grand système, dans une grande entreprise d’hébergement et de gestion bancaire et boursière (Atos aujourd’hui).

La profession comptait en 2500 professionnels. En majorité des hommes.

Lors de mon entretien d’embauche, le DRH m’avait demandé pourquoi me choisir. Ma réponse avait été spontanée : « parce que je suis une femme, et que vos effectifs sont en majorité composés d’hommes ». J’ai eu le poste. Cela sert d’être une femme.

Mais, je me suis aperçue longtemps après que mon salaire était bien inférieur à celui de mes collègues (souvent moins diplômés que moi).

L’intégration dans l’équipe, s’est faite sans problème. Hormis quelques mains baladeuses autour de la photocopieuse. Dénonce ton porc !

Subtile discrimination : je me suis vite retrouvée à prendre en charge des formations, et les problèmes relevant des équipes de développement. La Production, monde plus viril, et enjeu plus stratégique étant gérée par les hommes de l’équipe.

Au premier plan de licenciement : j‘ai été sur la liste. Je n’étais pas la moins compétente, ni la plus récente dans la société…

Changement de métier, mais toujours dans l’informatique. J’ai travaillé ensuite, chez un éditeur de logiciel. Pas de problème avec l’équipe. Mais j’ai souvenir d’un rendez-vous client, où j’ai été obligé de faire intervenir un de mes collègues hommes. Mon interlocuteur n’étant manifestement pas en confiance avec les capacités d’une femme. La présence rassurante d’un « mâle » à mes côtés, m’a permis de mener à bien ma mission.

Etre une femme dans un milieu d’hommes : j’adore. Les relations sont souvent plus directes, la compétition est frontale. La reconnaissance est chaleureuse.

« Je n’ai jamais eu un manager aussi sexy ! » Comment interpréter cette remarque d’un de mes collaborateurs. Etre une femme cela se remarque.

30 ans après, mon salaire est toujours inférieur à celui de mes collègues, en cela, ma profession ne différencie pas de beaucoup d’autres.

Les présupposés culturels sont toujours profondément enracinés en France. Si personnellement, je ne vois pas de différences entre mes collègues et moi lorsque nous avons un débat, dans nos façons de travailler, de communiquer, et même de penser, beaucoup d’entre eux font encore aujourd’hui la différence.

Aujourd’hui avec une direction machiste, je paie le fait d’être une femme, mais j’ai aussi payé le fait d’être syndicaliste. J’ai toutefois appris de ce milieu majoritairement masculin à ne jamais me laisser déstabiliser, à ne pas me démobiliser. 30 ans après, je suis toujours une fonceuse. Et c’est bien.