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Julien Goarant, directeur-Conseil Emploi-Formation Group BVA, analyse en continu les comportements et les opinions des salariés. Au sein du Département Opinion, une activité est dédiée aux enjeux emploi-formation. Elle regroupe douze consultants qui s’intéressent aux problématiques des donneurs d’ordre institutionnels (Opco, fédérations professionnelles, conseils régionaux, Pôle Emploi, Apec…), des organisations paritaires et des entreprises. Julien Goarant nous en dit plus sur la reconversion professionnelle.

La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur les souhaits de reconversion professionnelle ?

Oui, clairement ! Le cumul confinement + télétravail + contexte anxiogène de la pandémie a induit une prise de recul des salariés par rapport à leur entreprise, à leur emploi. Nos études ont mis en évidence qu’un actif sur cinq a commencé à se questionner sur la possibilité d’un changement sur le plan professionnel en 2020. Lorsque le projet de reconversion est initié, les actifs identifient, parmi les déclencheurs, l’ennui et le manque de sens dans leur poste actuel (cité par 38 % des actifs en cours de reconversion) ou encore, au même niveau, les contraintes familiales. Emerge ensuite comme motivation la pression subie dans leur emploi (avec une fréquence sensiblement plus faible, 23 % de ceux dont la reconversion est en cours). Par ailleurs, chez les actifs en cours de reconversion, les évènements tels que les licenciements ou restructurations (31 %) ou problèmes de santé (27 %), constituent aussi des déclencheurs importants.

Les dispositifs d’accompagnement des reconversions sont-ils bien connus des salariés ?

Le bilan de compétences est largement connu des actifs ! Ils s’emparent de cet outil, finançable facilement, pour différents objectifs : faire le point sur leurs acquis, construire leur projet professionnel, en valider la faisabilité… Grâce à une notoriété en progression continue, le CPF est également très sollicité pour financer une formation, jugée importante pour acquérir de nouvelles compétences, mais aussi pour se sentir crédible vis-à-vis de futurs employeurs ou financeurs dans le cas d’une création d’entreprise. D’autres dispositifs sont souvent moins connus, alors qu’ils apportent un vrai appui, opérationnel ou financier, aux besoins de personnes qui osent se lancer dans une reconversion. Je pense en particulier au Conseil en Evolution Professionnelle, une prestation gratuite, accessible à tout salarié et qui donne des clés essentielles en début de parcours ou aux étapes[1]clés du projet. Le CEP pourra aussi aider à s’y retrouver parmi tous les acteurs et dispositifs mobilisables selon ses besoins (Projet de Transition Professionnelle, Pro-A, aide à la création d’entreprise, VAE…)

Quels conseils donneriez-vous à un salarié qui souhaite se lancer dans une reconversion ?

Tout d’abord, avoir beaucoup d’envie et de détermination !! Un parcours de reconversion n’est pas un long fleuve tranquille. La volonté, c’est le premier facteur de réussite du point de vue des personnes qui ont réalisé une reconversion. De plus, ne pas s’autocensurer, en effet, même si les reconversions touchent plus souvent les premières parties de carrières, on constate des reconversions à tous les âges. Prendre le temps de valider son projet, de construire son parcours et d’identifier les appuis possibles. Il peut être tentant de se lancer d’emblée, mais là aussi, les retours d’expérience montrent que l’obtention d’un financement, la formation et l’accompagnement sont déterminants dans la réussite du projet. En ce moment, l’Etat alloue d’importants moyens aux reconversions, les organismes paritaires (notamment les Opco) font avec les syndicats des travaux de recherche et prospectives importants pour mieux accompagner les salariés. Ces circonstances semblent favorables pour que les salariés puissent trouver les moyens et le soutien nécessaire pour se lancer dans un projet qui leur tient à cœur et qui était en germe depuis longtemps !